Donny McCaslin - Salle Paul Fort - Nantes - 08/11/2017

La BBC a diffusé pour l'anniversaire de la mort de David Bowie un documentaire nommé The Last Five Years. Nous avons vu à quel point l'artiste voulait garder jusqu'au bout l'ouverture d'esprit musical qui le caractérise. On retrouvait des musiciens qui l'ont longtemps accompagnés sur scène et aussi le groupe qui a enregistré son dernier album : Mark Guiliana à la batterie, Tim Lefebvre à la basse, Jason Lindner au piano et Donny McCaslin au saxophone. Celui qui joue les magnifiques notes de Lazarus, entendues live à Londres il y a bientôt un an dans le spectacle du même nom (ici). Ces mêmes musiciens ont enregistré l'album Beyond Now de McCaslin qui a eu un écho beaucoup plus large, dans ce contexte. C'est donc pour défendre ce disque que le groupe tourne et a été programmé à la Salle Paul Fort, haut lieu de la scène jazz nantaise. Pourtant, il n'y a pas foule ce mercredi de novembre. L'ambiance est plutôt feutrée. Jason Lindner est bien derrière ses claviers et machines. C'est Jonathan Maron qui est à la basse (Tim Lefebvre était dans le groupe du 16 au 28 octobre) et Zach Danzinger à la batterie (Mark Guilina n'a joué avec eux que le 21 octobre sur cette tournée). Jonathan a eu beaucoup de succès avec Groove Collective, sur un album de Maxwell (pas le latéral gauche mais celui d'Ascension). Très timide, il n'en est pas moins bien concentré et esquisse quelques grimaces de plaisir sur certaines lignes comme les superbes notes aiguës introduisant justement Lazarus. La version instrumentale de ce morceau fut le moment fort du concert. La composition et l'enregistrement de films à succès a bien réussi à Zach Danziger ces dernières années. Il est aussi réputé pour développer un jeu de batterie hybride incorporant beaucoup d'effets. Ce n'est pas ce qui nous frappe sur les titres de Donny McCaslin. On retient surtout qu'il en met partout. Il faut aimer les cymbales ce soir-là à la Salle Paul Fort. Certains le trouvent monstrueux, d'autres un peu too much. Le lien entre Jason Lindner et Donny McCaslin est beaucoup plus marquant. Jason n'hésite à passer du son de piano à des sonorités électroniques et coordonnant le tout avec de bons effets vintage. Donny McCaslin n'a aucun problème pour charger en puissance et soutenir les charges de Denziger. Mais, il est bien plus intéressant dans une configuration plus minimaliste sur l'intro de Glory ou Henry, morceau dédié à son fils (de l'album Casting for Gravity, publié en 2012 avec le "Blackstar Band"). Le morceau qu'il interprète sans que son saxophone soit sonorisé est plus touchant et presque télépathique avec certaines ambiances que peut créer Jason Lindner. Le groupe s'amuse sur l'introduction tout en ruptures de Fast Future, plus délirante que sur le disque. Donny McCaslin a affiché un grand sourire entre tous les morceaux, loue la gastronomie française dans une salle située à deux pas du marché de Talensac. Le groupe revient sur une reprise de David Bowie, Look Back in Anger, dont ces quelques mots sont chantés en chœur par Jason et Donny, le binôme qui compte dans le Jazz International. 

Ps : photo créditée prise à Bratislava et en ligne sur le FB du saxophoniste. Il ne viendrait pas à l'esprit de sortir son téléphone, Salle Paul Fort, ce qui n'est pas un mal en soi.