Jazz Dock - Praha - 23-25/10/2015

Prague est une ville de Jazz. On ne compte plus les clubs qui y diffusent les notes bleues. Une oreille sur la programmation, j'ai jeté mon dévolu sur Jazz Dock, péniche ancrée le long de Janáčkovo nábřež, baignant dans la Vlatva. Le lieu est plutôt chic avec un bar digne de la cave de Sebastien Demay. Il y a plusieurs façons d'assister aux concerts. Il est possible de réserver une table pour dîner et être dans les premiers rangs. Cette audience, plutôt privilégiée dans tous les sens du terme, se montre toutefois respectueuse et concentrée quand les artistes jouent. Au tarif "standing", il est aussi possible de se caler sur un siège au comptoir tout en étant "dérangé" par les spectateurs venant régulièrement commander des rafraîchissements. L'autre option est de se placer devant la console, face à la scène dans des conditions qui restent idéales. Il n'y a pas vraiment de loges pour les groupes. A l'arrière, on devine une salle mais les musiciens restent au comptoir avant le set ou pendant l'entracte et vont dans les même toilettes que nous! Et oui la chanteuse américaine Becca Stevens va bien faire pipi avant de remonter sur scène (elle y a passé pas mal de temps, elle a sûrement du se remaquiller..!). 


Le BECCA STEVENS BAND est en pleine tournée européenne pour défendre son très réussi nouvel album Perfect Animal, publié cette année chez Universal. Après le New Morning à Paris et avant le Paradisio à Amsterdam, les musiciens  font donc escale à Prague. A la suite d'un (très) long et pointilleux soundcheck, Becca prend place avec sa guitare, entourée de Liam Robinson (accordéon, piano), Chris Tordini (contrebasse, guitare basse) et Jordan Perlson (batterie, percussions). Ce dernier est diplômé de Berklee. Liam de New York tout comme Chris qui a joué récemment avec Tigran. On peut aussi ajouter que Becca est dans une autre formation avec Gretchen Parlato et assura des chœurs sur le dernier album à succès d'Esperanza Spalding (dont le retour studio et scène tapisse les murs de la ville, décidément très jazz). Un sacré background. La qualité d'interprétation est irréprochable tout en restant sobre. Il ne leur faut pas beaucoup de mesures, de toute façon, pour montrer qu'ils maitrisent parfaitement leurs instruments. Les morceaux ne sont donc pas surchargés de technique pour que s'expriment au mieux les arrangements de voix. Les timbres s'accordent parfaitement, spécialement sur les titres du premier album Tea Bye Sea. Sur les morceaux de Perfect Animal, la mélodie efficace est recherchée et on se rapproche d'Alanis Morissette. Pour conclure le premier set, ils y vont même de leur reprise d'Usher, You Make Me Wanna. Est-ce dû à l'ambiance lounge et décontractée de la péniche mais, malgré toutes les qualités précitées, le concert ne va pas décoller réellement. Tout le contraire du lendemain avec AVISHAI COHEN's TRIVENI. 


Le trompettiste américain d'origine israélienne est à ne pas confondre avec son fameux homonyme, contrebassiste. Celui qui a souvent joué avec Keren Ann vient de sortir son troisième album Dark Nights. Au sein de Triveni, il est entouré de monstres. Dès les premières notes de batterie, on comprend que ce concert se joue dans une galaxie bien lointaine de la veille. Justin Brown délivre une prestation d'une technique exceptionnelle mais qui paraît pour lui si naturelle. Ce batteur, diplômé de Juilliard, est éblouissant. Yoni Zelnik est également un contrebassiste totalement possédé par son instrument. A leur côté, Avishai peut faire évoluer les morceaux Dark Nights, Darker Days, Art Deco ou encore 25th October vers des cimes de plaisir. "Ah oui c'est vrai.. le 25 octobre c'est demain. Ce n'est pas un jour particulier pour moi, juste le jour où j'ai écrit le morceau.. On va essayer d'amener le titre le plus près de minuit". Ce fut plutôt pendant leur reprise en rappel de Shiny Stockings de Frank Foster que  nous allâmes vers le jour d'après. Plus tôt dans le set, Avishai s'était coiffé d'un chapeau pour reprendre du Mingus. La péniche est ce soir bondée et les réactions du public terriblement plus enthousiastes. On est pas encore dans le stage diving mais ça trinque sec en l'honneur de cet incroyable trio de jazz. Certes, j'ai davantage écouté dans ma jeunesse Megadeth que Miles Davis ou Ornette Coleman mais je ne boude plus mon plaisir devant Airelle Besson, Ibrahim Maalouf , Aristide d'Agostino et donc le fabuleux Avishai Cohen !


Terminons par ALVIK, groupe pragois qui a ramené 2-3 fans le lendemain. Les musiciens ont l'air très heureux de se retrouver sur la belle scène du Jazz Dock. Mais du coup, on a plus l'impression d'assister à une répétition entre potes qu'à un concert événement. Anya, leur chanteuse habituelle et compositrice, est remplacée par Mariana. Certes un peu maladroite sur scène surtout dans son positionnement face aux lumières, la jeune chanteuse assure très bien au chant, dans un style proche de Neneh Cherry. Le groupe gagnerait à rester dans un registre trip-hop plutôt que se forcer vers le jazz et des cuivres vraiment dégoulinants. Le dénommé Bharata semble être une vedette locale avec son autre groupe Rajnošek B.and mais donne vraiment l'impression d'attendre que les autres musiciens jouent leurs parties avant d'arriver avec sa trompette, son saxo, ses gros sabots.. Allez grand Audun, claviériste norvégien, embarque Mariana dans tes projets de documentaires à travers le monde, mettez tout ça en musique avec les autres camarades. Bharata s'en sortira très bien tout seul ou tout du moins ne s'en rendra pas compte. 

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