2.0.1.5. 2nd Round !

 

Vous l'avez compris. Sol Invictus de FAITH NO MORE a vampirisé le temps d'écoute de ce trimestre. Les concerts de Berlin et Clisson furent exceptionnels (ici et ici) et ont consacré Motherfucker, Black Friday, Separation Anxiety, Matador, Superhero, Cone of Shame comme nouveaux classiques du groupe. Sur ces deux concerts, nous avons juste raté Sunny Side Up et Rise of the Fall (joués ailleurs et l'album en entier à Santa Ana ou pour l'émission Berlin Live d'Arte). Les musiciens expliquent que ce nouvel album est l'essence même de ce que représente pour eux Faith No More. De nombreux fans reconnaissent que c'est comme si leur groupe préféré sortait un nouvel album vraiment original mais que l'on adore tout autant. Ce sentiment est partagé, semblait inespéré mais aujourd'hui on peut l'affirmer de façon décomplexé, Faith No More est le meilleur groupe en activité. 


Ce trimestre est celui des retours discographiques. Un morceau de Refused aurait pu se glisser parmi cette sélection trimestrielle. Les Suédois ouvrent d'ailleurs pour Faith No More cet été aux Etats-Unis. Mais l'album est loin de marquer autant les esprits que les trois précédents sortis entre 1994 à 1998. Et puis, le morceau Françafrique est tellement improbable.. Avant d'être rejoint par Refused, Faith No More a invité Napalm Death en guest des trois premières dates de tournée estivale américaine (Austin, Dallas, Houston) et les Britanniques étaient eux sur la playlist du premier trimestre (ici). Nous avons privilégié, d'abord, le come-back de FAILURE. Leurs trois premiers albums furent publiés entre 1992 et 1996 et ils ouvraient à l'époque sur les tournées Opiate et Undertow de Tool. Ces derniers les ont invité à nouveau l'an passé. Troy Van Leeuwen ne participe pas à cette réunion mais fut guitariste de Failure dans les nineties avant de participer à la création d' A Perfect Circle. A l'écoute de The Heart is a Monster, on ne peut nier la connexion musicale avec la bande de Maynard et Howerdel. Et puis, BLUR est aussi de retour dans les bacs douze ans après Think Tank que le guitariste Coxton n'avait pas enregistré. The Magic Whip ravive bien nos souvenirs brit-pop et, comme pour Mike Patton, Damon Albarn a tiré profit d'années d'expériences en tous genres pour épicer la recette. Et comment ne pas trouver le bonhomme sympathique après s'être fait virer de scène au bout de cinq heures de concert avec le collectif Africa Express au Roskilde danois. Par ailleurs, leur concert au Zénith peut toujours être visionné sur Arte Live Web ici.


Le groupe français KLONE a de quoi être très fier de son Here Come The Sun. Les musiciens ont épuré leur son pour n'en garder qu'une sève très mélodique. Ce disque fait honneur au processus de composition. Il est toujours intéressant de lire en interview que le chanteur Yann Ligner assiste à toutes les répétitions du groupe pour s’imprégner de l'instrumental. Il place ensuite ses lignes de chant, toutes superbes sur ce disque. Après une tournée de clubs en France, le groupe fait plutôt le choix de l'international (tournée australienne puis première partie de Devin Towsend avant d'autres dates à l'étranger à l'automne). Klone est en rotation le soir sur RTL2 dans l'émission de Francis Zégut donc on espère les voir bientôt en live dans des conditions à la hauteur des arrangements de leur musique. ROYAL THUNDER vient de Georgia comme Mastodon, Kylesa ou Baroness, des références qui posent la qualité de la scène. Nous les avions bien aimé au Hellfest l'an passé. Ce nouvel album Crooked Doors confirment l'impression avec toujours plus d'attention portée aux mélodies vocales de Miny Parzons. Dès le premier regard jeté vers la pochette de leur [Chaos - Chaos], on devine que les musiciens de SAELIG OYA ont des affinités avec la scène progressive et l'écoute le confirme grandement. Quand on connaît l'implication des musiciens dans d'autres groupes éclairant la scène locale du Mans (The Orchid, Stone From The Sky, Ton Zinc), on comprend aussi que les compositions sont polymorphes. Sur l'antenne de France Bleu Maine, le groupe se plaçait "entre les musiques du silence et les musique du bruit". Mais comme pour Klone, le chant est au cœur de la réflexion. Hélène Péan fait muter de belles productions instrumentales en chanson. Personnellement, l'utilisation du français (sur quelques morceaux) fait vraiment la différence et participe à l'imaginaire créé par le groupe, sa singularité. Vivement de prochaines dates. HINDI ZAHRA a aussi une identité très forte. Cinq ans après Handmade, la chanteuse publie Homeland. Depuis son Maroc natal, elle nous fait voyager vers plusieurs langues et plusieurs rythmes. Le titre en français, Un Jour, tombe du ciel dans l'album et dans cette playlist mais la mélodie semble inoubliable. Ou comment une artiste de world music peut rayonner dans la chanson, le jazz ou l'inverse.


La découverte jazz de l'année fut SNARKY PUPPY. Le collectif, dirigé par Michael League, est ultra productif. L'album We Like It Here est sorti l'an passé entre deux Family Dinner, disques avec des invités au chant dont le deuxième volume a été enregistré cette année. Sa place est déjà réservée dans une playlist prochaine. De plus, Snarky Puppy a publié Sylva au printemps, interprété avec le Metropole Orkest. On peut toujours revoir leur performance à Coutances grâce à Culture Box ici. Les musiciens sont impliqués aussi dans moult sessions ou projets personnels comme Swift par Bill Laurance, claviériste britannique des sales gosses. ALABAMA SHAKES est aussi un groupe américain qui a connu la reconnaissance de nominations aux Grammy Awards. Leur nouvel album Sound & Color a bénéficié d'une très bonne exposition médiatique depuis sa sortie. S'il y a encore des groupes en live en access prime time sur Canal à la rentrée, on aimerait retrouver l'excellente programmation de Stéphane Saunier, à l'antenne dans son Album de la Semaine où le groupe s'est produit. La voix écorchée de Britanny Howard est assez irrésistible, en équilibre sur un pont entre rock et soul. Sous le nom de VILLAGERS se cache un musicien à connaître aussi absolument, l'Irlandais Conor O'Brien. A l'instar de Sufjan Stevens ou John Grant, il offre avec Darling Arithmetic une œuvre très personnelle. TOBIAS JESSO JR a peut-être signé avec Without You une des plus belles chansons d'amour entendue ces dernières années. Soutenu par Arts & Crafts, l'artiste canadien sait être touchant en toute simplicité, une voix, des notes de piano plus ou moins percussives et des mots bien sentis au fil de Goon, son premier album auquel le batteur de Black Keys a participé aux arrangements. En juillet 2013, nous avions découvert JEANNE ADDED aux Sables d'Olonne en première partie de Guillaume Perret (ici) sans vraiment être au courant de son background jazz. Cette année, la jeune femme fait beaucoup parler d'elle avec son album qui s'émancipe d'un style sur lequel elle a fait ses gammes. Interprète pendant des années, elle se réjouit d'enfin pouvoir partager la musique qu'elle a dans la tête et dans le cœur. Sur des créations réalisées avec le musicien de The Do, on la redécouvre plus électro mais toujours avec une justesse rare dans le chant. Elle sera partout près de chez vous de juillet à décembre (Fuzz'Yon, Temps Machine, Cargo, Ubu, 6par4 et au Mans pour le festival Bebop le 14 novembre prochain avec Aaron). Et on peut encore l'apprécier dans son répertoire jazz (Yes is a pleasant country) le dimanche 2 août à Longeville sur Mer avec ses potes du CNSM. En "première partie", ce soir là, il y aura quand même Médéric Collignon et Edward Perraud. Ouvrez grand les yeux et les oreilles.


Notre Hellfest 2015 avait commencé à 15h le vendredi sur la Main Stage avec ARMORED SAINT. Impossible de rater le retour de John Bush sur une scène française. L'ex frontman d'Anthrax ne vit plus de la musique mais n'a rien perdu de son talent. Win Hands Down est une merveille de heavy metal mélodique et groovy. Le titre In a Instant est un bon résumé de l'étendue du registre du groupe et, grand adolescent, on essaie de se rattacher au moindre passage pouvant nous rappeler Sound of White Noise. Le nouvel album de THE DARKNESS est aussi un modèle de hard rock assez irréprochable dans le fond et le forme. Et leur concert en première partie de Lady Gaga était quand même bien bon. A la surprise générale, nous apprenions que Till Lindemann, chanteur de Rammstein, s'était acoquiné avec Peter Tägtgren, tête pensante d'Hypocrisy et Pain, multi-instrumentiste pour produire un album en commun. Comme on lisait dans Rock Hard,  ils choisirent le nom de famille du premier pour le nom du groupe LINDEMANN, quand même beaucoup plus prononçable (et connu) que le second. En connaissant très bien la musique des deux groupes précités, il n'y a vraiment aucune surprise mais pourtant un certain charme. L'anglais n'est pas plus la langue maternelle de Till que de Max Cavalera mais pourtant il ne se contente pas de "war-kill-hate-die" pour écrire des morceaux. La "poésie" que Till développe en allemand est aussi d'autant plus compréhensible en anglais. Cela ravive nos souvenirs de concerts de Rammstein et on croise les doigts pour les voir en tête d'affiche au Hellfest 2016. Et si les compos de Tägtgren peuvent pousser les gratteux du groupe allemand à se bouger les fesses pour le prochain album du groupe, ça ne serait pas plus mal. On adore Thomas Giles et peut-être plus ses albums solo que ses disques avec son groupe BETWEEN THE BURIED AND ME. Sur Coma Ecliptic, une dose supplémentaire de Giles est injectée sur chaque titre et s'ajoute à une densité d'information assez impressionnante. Avec les notes d'un morceau du groupe, beaucoup d'autres en feraient un album. En tout cas, on aime toujours autant certaines envolées lyriques et des soli à la John Petrucci. LEPROUS est plus du genre à répéter les mêmes schémas pour créer un effet qu'à multiplier les plans mais le résultat est tout aussi réussi. La nouvelle génération du metal progressif sera sur scène à la rentrée, à la Maroquinerie le 25/09 et au Ferrailleur le 06/10. Et puis, on terminera sur un autre Faith No More. C'est ce que l'on appelle le scrutin proportionnel.



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