Lady Gaga - O2 Arena - London - 23/10/2014

The Artpop Ball ou artRAVE est sur la route depuis le mois de mai 2014. Après l'Amérique du Nord, l'Asie, l'Océanie, le Proche et Moyen Orient, LADY GAGA arrive en Europe. La mise en vente des places eut lieu fin janvier et les concerts rapidement annoncés sold out. En France, l'artiste sera au Zénith les 30-31 octobre et profite même de la réouverture en novembre de Paris Bercy pour y jouer le 24 de ce mois, dernière date de la tournée. Après Birmingham, Dublin, Glasgow, Manchester et l'excellent feedback de la presse locale, le groupe se pose trois jours à Londres, à l'O2 Arena. Dès 18h30, s'ouvrent les portes de cette immense salle de 20 000 places. Au cœur de la fosse, est disposée une scène qui serpente dans le public. Un haut rideau cache les structures du tableau principal mais déjà nous découvrons un espace réservé au milieu des avancées. Les Monsters ont leurs habitudes au pied de leur idole et près du bar vip installé dans ce snakepit. Le piano de Lady Gaga domine au centre du public, à quelques pas de la régie disposée plutôt bas. On réalise ainsi que les conditions de ce concert vont être exceptionnelles de proximité. La disposition de cette scène a visiblement posé quelques problèmes pour déterminer le nombre de billets mis en vente. Ce concert fut annoncé complet mais pourtant une nouvelle billetterie fut lancée pour des places en fosse. En effet, les spectateurs ne sont vraiment pas les uns sur les autres autour de la scène alors que les hauts gradins sont vraiment garnis. L'impatience de découvrir le spectacle gagne alors que déboulent ses amis en première partie, Breedlove et Lady Starlight. L'objectif est de créer une ambiance clubbing pour cet artRAVE. Si le premier est vraiment insupportable, le set de drum & bass de la seconde est pas si mal. Après ces deux apéritifs, la sono continue de balancer de la house music. Pourtant, ce concert ne va pas être synthétique mais bien organique, incarné et rock n' roll.

Le show débute sur Artpop, le morceau-titre de son album. Certains critiques (souvent vers 20h10 sur Canal..) ne cessent de souligner l'échec de ce disque. S'il est difficile de confirmer les chiffres de 2008 dans le contexte actuel, près d'un million de personnes auront écouté ses morceaux en live sur cette tournée mondiale. Sur ce premier titre très mélodique, elle arbore le look de la pochette, longue perruque blonde et globe bleu sur la poitrine. La soirée s'annonce dense mais Lady Gaga ne s'économise pas. Elle danse, elle chante, elle hurle comme si chaque performance allait être la dernière. L'enchaînement avec G.U.Y. et Donatella est ultra efficace. Après cette entrée en matière tonitruante, ce n'est pas une musique d'ambiance électronique qui sert d'intermède. Nous ne sommes pas au concert de Mr et Mrs Carter. Il y a un vrai groupe sur scène qui joue live. L'intro de Venus est électrique grâce aux belles parties de guitare de Ricky Tillo et Tim Stewart. Le premier a déclaré que sa vie a changé après avoir découvert Eruption de Van Halen et ça s'entend. Le second a roulé sa bosse avec d'autres artistes pop mais est aussi en ce moment le guitariste d'Infectious Grooves. Sur Venus, on la retrouve en sirène botticellienne et des fleurs surgissent des trappes du catwalk, auréolées de lasers. Il faut aussi souligner l'impressionnante chorégraphie collective et les arrangements où la batterie de George "Spanky" McCurdy est très présente. A la fin du morceau, ce collectif se fige. Les deux guitaristes sont positionnés autour de Gaga au milieu de la foule. Elle profite de cet instant pour se lancer dans son premier long speech rappelant que sa carrière n'était pas gagnée d'avance. Démago à fond mais on a pas signé pour une soirée de shoegaze. Elle récupère un perfecto lancé du public qui va si bien à l'ambiance glam rock de MANICURE. Elle se balade sur ce titre très influencé par Mötley Crüe. Elle ne minaude pas mais recherche l'urgence d'un chant à la Vince Neil. Le final chorégraphié sur des fauteuils de manucure est un peu confus et on repense à cette version encore plus rock de l'Itunes festival 2013, où elle insistait sur le "heal me i'm addicted to love". A nouveau, elle quitte la scène pour retrouver la perruque blonde de ses débuts et revenir sur les définitifs Just Dance et Poker Face. Comme au Stade en France en 2010 (ici), elle ne surjoue pas ses hits à l'envie pour racoler mais les interprète exactement comme il faut, chorégraphie et chant comme le public aime. Très efficace. Un bout de Telephone accompagne la fin de ce tableau avant qu'elle se pare d'une robe mi pieuvre mi dalmatien sur Paparazzi remarquablement bien chanté.



Sur Do What You Want, elle s’assoit sur un fauteuil en forme de géante main argentée se refermant sur elle. Celui-ci va décoller du sol grâce à une colonne qui s'extrait de l'avancée. Voici Gaga au dessus de nos têtes à nouveau au milieu de la salle pendant que le groupe envoie toujours à fond sur la scène principale. Elle les aime ces "five motherfuckers" qui constituent son groupe. Elle ne cesse de le rappeler et sa fidélité à ses musiciens d'une tournée à l'autre confirme l'impression. Et elle n'oublie pas de préciser qu'elle est bien la "motherfucker number 6". Au piano, elle introduit Dope en dédiant le titre à tous ceux qui ont succombé à leurs addictions. Mais elles n'oublient pas ceux qui ne boivent pas ("soberish"). Et pas non plus ceux qui aiment bien boire un coup, ceux qui gèrent, entre les deux ("a kind of purgatory"). Elle est drôle Gaga, tout à fait consciente de son discours démago et finalement bien second degré. Et quand un effet de son piano dérape un peu, elle tient la note sourire en coin avant de reprendre le rythme. Les deux guitaristes viennent autour d'elle et commence You and I. Ce titre renoue avec la tradition des hymnes taillés pour la scène à la Queen ou Guns n' Roses.



Même si ce show est moins théâtral que celui du Stade de France, elle a gardé certains gimmicks. Elle nous sort une lettre froissée et commence à nous la lire intégralement. On a vraiment l'impression qu'elle la parcourt pour la première fois. Elle nous présente l'histoire de la jeune Sarah qui mal dans sa peau adolescente voulait en finir avant de retrouver le courage grâce à la musique et aux textes de Gaga. Bien sûr, elle ne s'arrête pas là et va chercher Sarah dans le public pour la faire monter sur scène. Elles se prennent dans les bras, se font des bisous. Sarah s'assoit derrière le piano à côté de Lady Gaga qui commence l'interprétation de Born This Way. Certaines Anglaises, visiblement habituées au binge drinking, bavardent autour mais n'arrivent pas à gâcher une belle version qui n'aurait pas eu besoin de tout ce barnum. Même si elle avoue avec humour ne pas toujours pouvoir appliquer cette philosophie positive avec une certaine ironie ("I'm always on medication"). Ensuite, le public assiste à nouveau à un changement complet d'ambiance sur Jewels & Drugs en intermède samplée et chorégraphiée. Lady Gaga revient avec une perruque verte et du cuir sur Judas en version courte avant Aura. La basse slappée de la pointure Lanar “Kern” Brantley est mis à l'honneur sur Sexxx Dreams. L'écran géant de fond de scène sert cette fois-ci le visuel sur ce morceau et le suivant Mary Jane Holland, chanté dans un enchevêtrement de chaises blanches. L'artiste finit au cou d'un de ses danseurs qu'elle appelle fort logiquement Alejandro. La mélodie tellement mémorable de ce titre résonne dans l'Arena et le public danse comme jamais pendant que la troupe parcourt les avancées d'un bout à l'autre pour se retrouver très près du public. Croiser le regard de Lady Gaga à un de ses concerts est donc possible une fois voire deux fois sur Bang Bang. Elle vient de sortir un album de reprises jazz en duo avec Tony Bennett appelé Cheek to Cheek. Cette reprise de Cher apparaît en bonus et elle interprète ce titre sur scène accompagnée d'une bande son. Elle reprend le look de la chanteuse sixties et vient défier le public de ses yeux revolvers, l'index en pistolet.



"Elle est obligée d'être toujours à moitié nue ?" peut-on entendre à la vue de ces vidéos. Certes.. mais elle ne risque au moins pas de promouvoir le thigh gap et l'obsession d'un corps sans défaut chez les ados et tous les complexes qui vont avec. A la fin de Bang Bang, elle arrache sa perruque et se larve sur scène pour choper une bière bouteille au bar du artRAVE pit. Puis, elle rejoint la scène principale pour se changer en mode cosplay. Toute sa troupe de danseurs devient un véritable arc-en-ciel. Ainsi, Lady Gaga cartonne tout sur Bad Romance et Applause, à nouveau au milieu du public. La chorégraphie est à nouveau parfaitement respectueuse de la création originale. Les deux tubes (surtout le premier) sont interprétés aussi sans rallonge inutile. Vu la débauche visuelle, on ne peut pas parler de simplicité mais d'une sacré efficacité.



Comme au Stade de France sur Marry the Night, elle aimerait bien que des fans la rejoignent sur scène. A proche distance, on a l'impression que ceux-ci sont à moitié en train de s'entretuer. "I just wanted to be nice but it's juste mayhem!". La situation s'éternise un peu et Lady Gaga s'en lasse et lance Swine. Comme avec Scheisse en 2012, elle assume son répertoire plus "club" même si ce titre est l'un des plus faibles de Artpop. Le collectif quitte la scène après cette dance music un peu chaotique. Elle revient, blonde, pour le rappel et Gypsy, hymne à la vie en tournée et la rencontre avec ses fans. Le morceau commence au piano avant que le tempo s'emballe et fasse taper des mains. Sur ce titre et tous les autres, Lady Gaga semble prendre un plaisir fou à partager ses créations. Peut-être que sa carrière ne sera pas toujours aussi grand public mais une chose est sûre, il ne faudra pas attendre longtemps pour que de nouvelles idées fourmillent dans son cerveau déjà très occupé.

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