Jean Jean - Uto'pitre - Le Mans - 25/09/2014

La rentrée culturelle à l'Université du Maine ne se fait pas seulement dans les amphis. Les feutres velleda ne servent pas qu'à y écrire des équations à rallonge. Ils marquent le poignet des jeunes et moins jeunes attirés par cette belle programmation musicale. Dans une douce nuit d'été indien, l'Uto'pitre a vraiment mis les petits plats dans les grands. RAmDAM (réseau amical des acousticiens du Mans) a sorti le barbecue et dans cet "espace culturel alternatif autogéré" qu'est l'Uto'pitre, la scène est prête et les protections auditives sur le comptoir. Les Lillois de Shiko Shiko ouvrent la soirée et se définissent comme du rock mutant. Le frontman, aux vrais faux airs de Laurent Lafitte, chante autant qu'il ne chante pas. Mais d'un commun accord avec son micro, il ne fait pas semblant aux synthés et surtout aux percussions. Les rythmes soutenus et barrés du groupe ont lancé la soirée. Les machines de Boomtrapped attendaient patiemment face au bar. Elles peuvent désormais s'exprimer. Adepte de "do it yourself" et référence de la scène électronique locale, le musicien est concentré sur sa prestation. On espère aussi noter sur notre petit calepin le retour de ses ciné-concerts. Même si Shiko Shiko ne cessa de répéter entre les titres "On est Jean Jean et on vient de Paris", les musiciens franciliens n'ont eux pas raté des premiers rangs le début de soirée tout comme leurs "potos" de Quadrupède. Deux jours avant leur prestation au Forum Jeunes (et quelques semaines avant leur second E.P. Togoban), Lemien Dacoq et Smaseph Jolley sont venus s'injecter de bonnes ondes sonores mathématiques et rock n' roll. "Ya du sub là ?" "Ah non ya pas de sub..! "Ya du sub là ?" "Ah non ya pas de sub..!". Après deux-trois réglages, c'est parti pour JEAN JEAN.


JEAN JEAN est une vraie tête d'affiche. Fin août, ils jouaient sur la scène Ile de France de Rock en Seine. Leur "220e" concert disaient-ils (dont un bon nombre aux États-Unis). On ose à peine imaginer le nombre de notes jouées au fil du temps. On présente le trio comme du math-rock. Certes, certains plans épileptiques nous rappellent The Dillinger Escape Plan. On parle aussi de post-rock. Oui aussi, le groupe a déjà ouvert pour les excellents Caspian, une des révélations du Hellfest 2014. Ce style était plus présent sur leur premier EP et un titre comme Elli Lilly. On pense aussi à Thrice. Surtout, c'est la musicalité de leurs arrangements instrumentaux qui frappe, soutenue par une technique bien au dessus de la moyenne haute. Les doigts de Sebastien Torregrossa sont branchés sur la fibre optique. Le jeu d'Edouard Lebrun à la batterie est aussi très précis et énergique. Ils ont l'air de s'amuser comme des fous. Et même quand Edouard peut se reposer sur une intro, il n'en profite pas et s'approche du public pour leur faire battre la mesure. Il a d'ailleurs bien fait d'enlever ses lunettes même si la buée ne doit pas le gêner pour trouver ses fidèles cymbales. Si les mathématiques sont importantes ce soir, c'est peut-être aussi pour calculer l'angle idéal d'headbanging de Jeremy Savry afin qu'il ne heurte pas ses claviers. Visuellement, cela nous fait penser à l'attitude de Thomas Giles Rogers de Between the Buried and Me, le chant en moins. Ses sonorités électroniques et notes de piano apportent un superbe relief à la musique du groupe aux structures complexes (Coquin l'Elephant, Les Orgues de Gorah). Le metal progressif est une influence dans le background de Jean Jean ? En tout cas, les étiquettes valsent face à l'énergie déployée par le trio. Grâce à cette initiative de l'Uto'pitre, le public a pu découvrir, au Mans, un phénomène de la scène rock française tout simplement.


Photos : Stéphane Duarte
Texte : Cyrille Blanchard

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Metallica/Gojira - Stade de France - Saint Denis - 12/05/2012

Miam Miam

Sebastiao Salgado - Genesis - Natural History Museum - London