Fishbone - L'Oasis - Le Mans - 27/05/2014

Fishbone est de retour au Mans. L'Oasis est sur l'itinéraire des Américains dans le cadre d'une tournée française passant cette fois-ci par La Rochelle, Colombes, Paris et Lille. Dans la capitale, c'est au Petit Bain, barge flottante dont la salle de concerts a une capacité de 450 personnes, que le groupe s'est produit. Par comparaison, on peut penser que les conditions live de l'Oasis sont bien meilleures. Malheureusement ce n'est pas la foule des grands soirs pour assister au show de ce mythe de la scène fusion dont la réputation live n'est plus à faire. Fishbone tourne depuis le début des années 80 et en avril dernier il jouait au Coachella puis était l'invité de Jane's Addiction qui célébrait le 25e anniversaire de Nothing's Shocking à Vegas. Il faut d'ailleurs rappeler qu'Angelo Moore, leader charismatique de l'arête de poisson, joue sur cet album culte. Et quand ce dernier débarque en face de vous portant son saxo tel un boa constrictor, le moment est historique. 


Et c'est sur un morceau figurant sur leur tour premier E.P. datant de 1985 que le groupe lance la fête : Party At Ground Zero. La montée est progressive comme si les musiciens terminaient leur balance avant que les cuivres s'affolent. Dans cet exercice, Angelo est secondé par la jeune recrue Jay Armant et Walter Kibby, membre originel comme le sont Angelo et le monstrueux bassiste John Norwood Fisher. Fishbone enchaîne avec le premier titre de leur carrière discographique Ugly : "U.G.L.Y. you ain't got no alibi you're just ugly". Considérant que le groupe joue dans la foulée Lyin Ass Bitch de ce même premier effort, on danse sur de la grande poésie. Angelo Moore est plutôt réservé en ce début de set. Ce n'est pas ce soir qu'on le verra se jeter sur la foule et même si certains fans sont bien fervents, l’atterrissage serait risqué. L'ambiance se réchauffe sur Everyday Sunshine. L'énergie est communicative. Après Ma&Pa, classique de Truth and Soul, le groupe pioche dans un répertoire moins culte mais peut-être plus intéressant musicalement. La voix d'Angelo brille sur The Suffering


Il est important de rappeler que le groupe publie régulièrement de nouvelles compositions comme celle-ci qui date de 2000 ou Crazy Glue publiée en 2011 et dont les harmonies vocales sont tout aussi parfaites. Intrinsically Intertwined est par ailleurs leur nouvel E.P. en 2014. Il faut aussi souligner le talent incroyable du guitariste Rocky George. Après avoir été le six-cordiste mythique de Suicidal Tendencies, il s'épanouit et enrichit son jeu au sein de Fishbone depuis 2003. Quand nous l'avions vu en 2005 au Nouveau Casino, il était placé en fond de scène et ne bénéficiait pas d'un son aussi clair et précis. D'une grande nonchalance, il laisse ses doigts dévaler son manche d'Ibanez quand il ne prend pas le temps de remettre en place ses lunettes glissant régulièrement sur son nez. Le solo de Give It Up est monstrueux et le très bon son de la salle nous permet d'apprécier toutes les nuances du riff de Freddie's Dead, titre phare de Fishbone.  


Cholly et Bonin' in the Boneyard continuent de mettre dans tous ses états un fan ultra du groupe qu'Angelo ira saluer et faire chanter au dessus de la barrière. Le son hyper caractéristique, plein de reverb', du riff de Sunless Saturday résonne. Le concert intense, festif et diablement bien interprété est sur le point de se terminer sur ce grand tube. Angelo et Rocky l'accompagnent jusqu'à une outro reprenant le refrain. Contrairement aux autres dates, il n'y aura pas de rappels. Pas de quoi en faire une affaire, on a à peine le dos tourné que les musiciens sont déjà au bar. La prochaine fois qu'ils passent par chez vous ne les ratez pas. Comme le bon vin, Fishbone se bonifie avec l'âge.


L'Oasis a toujours l'intelligence d'associer aux têtes d'affiche des groupes locaux s'inscrivant dans la même ambiance musicale.  Outrage sillonnent les scènes françaises et européennes depuis de longues années et on ressent bien l'expérience acquise sur la route. Comme Fishbone, le groupe fusionne ska, punk. Les cuivres se mêlent aux guitares saturées. Le batteur du groupe, qui connaît bien les lieux, célèbre une de leurs inspirations par une reprise bien sentie de la Ruda. Le propos est engagé. "La liberté ou la mort" nous scande-t-on. On les sent libre, de sauter partout chaussettes rouges aux genoux. Dans le contexte actuel, cela vous fera du bien de partager leur Eldorado Pagaille sur les scènes estivales comme au sympathique festival Rock n' Beer le 26 juillet à Brétignolles sur Mer.


Photos : Stéphane Duarte
Texte : Cyrille Blanchard

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