Rudolf Stingel - Palazzo Grassi - Venise

Le milliardaire breton François Pinault est le plus grand collectionneur français d'art contemporain. C'est en 2005, lassé d'attendre l'aménagement de l'île Seguin, qu'il achète le Palazzo Grassi, le long du Grand Canal de Venise pour y exposer ses œuvres. Suivra en 2009 l'ouverture de Punta Della Dogana, anciens hangars de la Douane de Venise destinés à des tableaux ou installations plus monumentales. Alors que tous les regards des amateurs d'art sont braqués sur Venise et sa Biennale, François Pinault doit aussi faire l'événement dans ses lieux pour satisfaire le public nombreux qui se déplace. Verdict ? Il n'y aura aucun mot ici sur Prima Materia, exposition hétéroclite à Punta Della Dogana de grands noms du marché (Marlene Dumas, Bruce Nauman...) dont les tableaux valent plusieurs millions d'euros. Le lieu manque de chaleur et l'émotion est rare. Tout le contraire du Palazzo Grassi qui a été confié à un seul artiste : Rudolf Stingel. Celui-ci a l'habitude de travailler in-situ c'est à dire qu'il prend possession de l'ensemble du bâtiment et en recouvre toute l'architecture. Comme à la Neue Nationalgalerie de Berlin en 2010, il s'empare du palais vénitien et pose des tapis orientaux sur le sol, les murs de l'atrium et des deux étages. Pour la première fois, Palazzo Grassi met à la disposition d'un seul artiste la totalité de ses espaces et le résultat est bluffant.

 
 
 

On aperçoit ci dessus un portrait de son ami Franz West, artiste contemporain autrichien mort il y a un an. Mais au premier étage du palais, on ne retrouve que des tableaux abstraits aux couleurs grises et argentées. L'événement a surtout lieu au second étage. Le milliardaire a sorti de sa collection quelques "portraits de sculptures" de Rudolf Stingel et on y retrouve aussi certaines créations spécialement réalisées pour cette exposition. Si certains se demandent si l'art peut être de 2013, surtout dans des villes italiennes où les trésors de l'histoire sont nombreux, Rudolf Stingel et François Pinault apportent la réponse. Des peintures réalistes en noir et blanc qui feraient croire à des photographies de ces sujets religieux. Un art chrétien souvent "untitled", pessimiste qui s'expose surtout en petit format sur ces grand murs tapissés. Il est bien précisé à l'entrée qu'il n'y a pas de parcours obligé et que les visiteurs sont invités à circuler librement dans les espaces. Quitte à repasser plusieurs fois devant des saintes au visage triste ou devant cette création 2013, un squelette chevauchant un lion symbole de Venise, star du livret qui accompagne le visiteur conquis.

 
 
 
 
 
 
 

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